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La question de l’alimentation est saisie dans un puissant paradoxe. Le droit à l’alimentation est l’un des mieux établis et des plus codifiés. Pourtant, près d’un milliard de personnes, soit une personne sur neuf, souffrent de malnutrition. Trois motifs essentiels viennent justifier cette situation. D’abord, les marchés de l’alimentation hyper concentrés et fortement capitalistiques ne sont aucunement tournés vers la satisfaction des besoins essentiels. Ensuite, le droit de propriété sous  sa forme exclusive, comme celui qui en dérive du « libre commerce » inscrit dans les traités de libre échange, exercent de fait un primat et un effet de domination sur les droits sociaux. Enfin, le sujet du droit international n’est pas la personne (à qui le droit à l’alimentation est théoriquement attribué) mais l’État national.
Cette situation explique que de nouvelles réflexions soient en cours d’affirmation : il s’agit désormais de faire de l’alimentation un « bien commun ». Ce nouveau discours, animé par des acteurs multiples, met la question de l’accès en son centre. Faire de l’alimentation un bien commun, c’est penser les conditions de l’institutionnalisation du droit à l’alimentation. Il s’agit de sortir de l’illusion que la réalisation de ce droit à l’alimentation pourra reposer sur le « bon vouloir » des États, et travailler à promouvoir des initiatives multiples, émanant notamment de la société civile.
Trois exemples d’initiatives de lutte contre différentes formes de malnutrition (Nutriset, Misola et Nutri’zaza) guident notre réflexion. Ils nous permettent d’énoncer trois considérations qui doivent être prises en compte pour que ces entités puissent être considérées comme contribuant au droit à l’alimentation et donc à faire de l’alimentation un bien commun. La première a trait aux conditions (politiques de prix, modalités de fabrication et de distribution) dans lesquelles les biens alimentaires sont produits et mis à disposition. La seconde porte sur la manière dont les initiatives traitent l’usage des différents attributs du droit de propriété et favorisent  (ou non) l’accès aux biens alimentaires. La troisième considération concerne les « formes sociétaires » des entités intervenant dans la chaîne alimentaire et leur adéquation aux objectifs de satisfaire l’accès aux biens alimentaires des personnes et populations les plus fragiles.

pdf : 478.2 Ko
auteur(s) :
Benjamin CORIAT
Nicolas LE GUEN
Magali TORO
coordinateur :
Stéphanie LEYRONAS
issn :
2492 - 2846
pages :
29
numéro :
114
disponible aussi en : fr en
478.2 Ko (pdf)
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