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Des évaluations pour éclairer le débat sur les investissements solidaires
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Si les évaluations sont un élément essentiel pour permettre de juger de l’efficacité de l’action du groupe AFD, elles ont aussi pour fonction de faire émerger des apprentissages pouvant être utiles aux futurs projets. C’est ce à quoi s’attache le rapport des évaluations 2025 du Groupe, autour de trois thématiques : planète, santé et lien social.
« L’évaluation est une fonction essentielle, pas uniquement pour juger a posteriori, mais aussi pour nous faire progresser tout au long du cycle de vie des projets, apprendre de nos succès comme de nos difficultés », explique Philippe Le Houérou, président du conseil d’administration de l’AFD. Des évaluations récentes font ressortir que l’approche consistant à combiner coopération technique, appuis financiers et dialogue de politiques publiques permet au groupe AFD d’accompagner efficacement les réformes engagées par les autorités des pays partenaires.
C’est le cas dans le Caucase par exemple, où une collaboration entre la France et la Géorgie a vu le jour dans le domaine des retraites, de la santé et de la protection sociale. Elle a, par exemple, permis d’appuyer la mise en place de l’Agence des retraites géorgienne. Au cours des quatre années suivant sa création en 2018, celle-ci a pu collecter 1,2 milliard de dollars de cotisations auprès des travailleurs géorgiens. L’évaluation de cette collaboration note que l’assistance technique mobilisée par Expertise France a été appréciée pour sa capacité à conseiller sans se substituer aux autorités géorgiennes dans la prise de décision. Elle a également facilité la transposition de directives européennes au niveau national, rapprochant ainsi la Géorgie des normes de l’Union européenne.
L’intérêt de l’accompagnement proposé par l’AFD ressort aussi de l’évaluation de la coopération avec la Collectivité territoriale de Martinique (CTM). « Au-delà des financements, notre collaboration repose sur une véritable relation de confiance et de partenariat stratégique, témoigne Marc Mongis, directeur général des services par intérim de la CTM, et l'évaluation de notre coopération a marqué une nouvelle étape : elle nous a permis de structurer notre dialogue et notre collaboration, et d’aligner celle-ci avec les priorités du développement martiniquais. »
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L’intérêt réciproque des échanges entre pairs
Plusieurs évaluations soulignent également l’intérêt de la mobilisation d’expertise, y compris française. En Mauritanie par exemple, le groupe AFD a travaillé avec l’École nationale supérieure des sciences de la santé (ENSSS) de Nouakchott dans le cadre du projet Temeyouz, en partenariat avec les CHU d’Angers et d’Amiens. Le cursus de formation de l’école a été revu et les experts mobilisés ont contribué à renforcer les capacités des sages-femmes mauritaniennes.
Le rôle décisif des acteurs de terrain
Enfin, d’autres évaluations font ressortir l’importance d’agir en partenariat avec des acteurs présents sur le terrain, qui connaissent bien les contextes d’intervention et qui sont en mesure d’intervenir efficacement. Cela a été le cas dans le cadre de l’initiative Santé en commun, l’une des réponses majeures du groupe AFD à la crise du Covid-19 en Afrique : son évaluation conclut qu’avoir mobilisé des partenaires de longue date ou déjà actifs sur le terrain a été décisif. À Madagascar, l’AFD a par exemple pu retravailler avec Action contre la faim, avec qui elle avait déjà travaillé en 2017 pour lutter contre l’épidémie de peste.
Certaines évaluations soulignent la nécessité d’accompagner ces acteurs de terrain pour leur permettre d’être plus efficaces. L’évaluation à mi-parcours du Fonds genre Sahel rappelle que les organisations de la société civile engagées pour l’égalité femmes-hommes font face à des défis, malgré leur dynamisme. Le fonds les aide à se renforcer au niveau organisationnel, administratif et financier, et le travail se poursuit aujourd’hui pour leur permettre de mener à bien les 12 initiatives pilotes sélectionnées.
Vers une action Groupe plus efficace
« Les évaluations – qu’elles soient ex ante, de fin de projet ou associées à des exercices de capitalisation – jouent un rôle essentiel dans l’amélioration continue des projets mis en œuvre, ainsi que dans l’évolution de nos stratégies et approches », explique Sophie Schapman, responsable de la cellule Suivi, évaluation, redevabilité et apprentissage chez Expertise France.
« Depuis quelques années, Proparco met l’accent sur le suivi pour pouvoir parler de ses résultats de façon chiffrée, complète Arnaud Uzabiaga, responsable de la division Impacts de Proparco, mais il faut aussi pouvoir faire parler les chiffres, leur donner un sens : c’est là que les évaluations sont précieuses, car elles apportent une appréciation qualitative complémentaire. » L’enjeu est que les conclusions des évaluations viennent nourrir les futurs projets.
« L’enjeu est aussi d’expliquer en quoi l’action du groupe AFD, dans sa diversité, répond au mandat qui lui est confié, de montrer comment la coopération internationale contribue à soutenir les plus vulnérables et à protéger les biens publics mondiaux comme le climat et la biodiversité et, enfin, de préciser quel est l’intérêt pour la France », conclut Jean-Claude Pirès, directeur du département Évaluation et apprentissage à l’AFD. Au total, 261 projets ont été évalués par l’AFD, Expertise France et Proparco en 2023 et 2024 – ce à quoi s’ajoutent 108 capitalisations, 12 évaluations d’impact et 11 évaluations à champ large.
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Les échanges d’expertise ont également été fructueux dans le domaine de la gestion durable des forêts en Turquie. Le soutien financier a contribué à sécuriser des activités à fort co-bénéfice climat dans un contexte budgétaire contraint pour la Turquie, tandis que les échanges avec des experts français de l’Office national des forêts – International (ONFI) ont pu enrichir les réflexions des experts turcs, par exemple pour l’élaboration d’une feuille de route intégrant la biodiversité à la gestion forestière.
L’intérêt est d’ailleurs réciproque : le climat actuel de la Turquie étant proche de celui que connaîtra la France demain, des graines de chêne françaises ont été plantées dans plusieurs localités turques aux climats différents, afin de tester leur résistance. Les résultats permettront à la France de planter les variétés les plus performantes face aux impacts à venir du changement climatique.
Téléchargez ici le rapport bisannuel des évaluations 2025 et ici son résumé
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