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Outre-mer : un océan en commun, des solutions partagées

Confrontés à des bouleversements liés au changement climatique et à la dégradation de leurs écosystèmes, les Outre-mer se mobilisent. Entre solutions fondées sur la nature, coopération régionale et recherche scientifique, ces territoires ultramarins, majoritairement insulaires, montrent la voie d’une adaptation collective et durable.
Rassemblant 12 territoires, près de 3 millions d’habitants et 80 % de la biodiversité française, les Outre-mer français sont particulièrement exposés aux bouleversements qui touchent les océans : cyclones plus intenses, canicules marines, disparition des mangroves, acidification, érosion côtière…, et cette vulnérabilité affecte directement les populations.
Les Outre-mer, pionniers de l’adaptation
Cette configuration fait des Outre-mer des laboratoires d’innovation, par exemple à travers la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature (SFN) qui « présentent un potentiel intéressant en milieu insulaire tropical, milieu dans lequel les sociétés vivent en grande partie des écosystèmes », a expliqué la chercheuse Virginie Duvat à l’occasion de la conférence Perspectives Outre-mer de l’AFD, où elle présentait une étude qui identifie plusieurs conditions de l’efficacité des SFN dans les Outre-mer. Parmi elles, l’importance des co-bénéfices, c’est-à-dire que les SFN doivent répondre à la fois aux enjeux de préservation de l’environnement et aux besoins des populations. Au-delà de leur efficacité technique, les SFN doivent être ancrées dans un contexte. C’est tout l’intérêt du projet de recherche-action Clipssa, porté par l’AFD, l’IRD et Météo France, qui montre que sciences du climat et savoirs écologiques locaux peuvent s’allier. L’enjeu : construire les capacités de quatre territoires et pays du Pacifique pour s’adapter au changement climatique.
« Cette capacité à quantifier, à objectiver les résultats [des SFN], ce sont ces facteurs-là qui feront la différence », expliquait pour sa part Léopold Biardeau, délégué interministériel pour le climat et le développement durable de la Polynésie française. L’importance de l’acceptabilité sociale des SFN a d’ailleurs déjà inspiré certains acteurs publics : la stratégie calédonienne sur l’adaptation au changement climatique, adoptée en 2025, a été élaborée avec « une phase publique remontant des milliers de contributions, passées au crible par des experts », a expliqué Théo Miloche, conseiller au gouvernement de Nouvelle-Calédonie sur les questions de transition écologique.
Apprendre, innover, agir ensemble
Aires marines protégées dans l'océan Indien, adaptation au changement climatique dans les États insulaires du Pacifique ou encore sargasses dans l'océan Atlantique : la condition de l'efficacité est d'agir à une échelle régionale – et c’est celle retenue par l’AFD avec sa stratégie Trois Océans. En effet, la coopération régionale s’avère essentielle pour les Outre-mer et leurs voisins, dans la mesure où les océans ne connaissent pas de frontières.
C’est également le constat en matière d’économie maritime : « 90 % du commerce international en volume passe par la mer », a rappelé la géographe Colette Ranély Vergé-Depré, ce qui soulève des enjeux partagés, tant environnementaux que sécuritaires, dans les ports et en mer. « Cette volonté de coopération entre les villes et les ports à une autre échelle que par pays existe », souligne Jean-Pierre Chalus, président du Grand Port maritime de la Guadeloupe et délégué général de l’Union des ports de France.
Le rôle de la science pour guider l’action
La recherche est également un levier essentiel pour la préservation des océans. « Sans science, il est impossible de créer une aire marine protégée », souligne Florence Jeanblanc-Risler, préfète des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), une zone qui abrite la plus grande aire marine protégée française.
La recherche se penche aussi sur d’autres problématiques, comme celle des sargasses – qui ont des conséquences économiques, sanitaires et environnementales désastreuses dans les Antilles. Au-delà des efforts pour étudier ce phénomène encore mal compris, la recherche peut ouvrir des pistes pour l’action publique : une étude de l’Université des Antilles-Guyane coordonnée par l’AFD montre que certaines catégories de populations – dont les chefs d’entreprise et les touristes – sont prêtes à contribuer financièrement pour lutter contre les sargasses. Les fonds dégagés pourraient contribuer à soutenir les collectivités locales ou financer le développement de solutions innovantes.
L’AFD, à l’occasion de la conférence Perspectives Outre-mer, a d’ailleurs remis le prix AFD Jeunes Chercheurs Outre-mer 2025 aux trois lauréats d'un concours vidéo : Leïla Fardeau (1er prix), sur le rôle des solidarités familiales en Polynésie et l’enjeu de leur prise en compte dans les statistiques ; Nicolas Lucic (2e prix), sur le lien entre statut politique et développement économique des petites économies insulaires ; et Audrey Pastel (3e prix), sur la capacité d’adaptation au changement climatique de la Martinique. « Il faut que l’on donne aux jeunes générations le pouvoir, les clés, la capacité d’imagination et d’action qui vont nous permettre de trouver ces solutions pour les océans et pour le développement durable des Outre-mer », a affirmé Rémy Rioux, directeur général de l’AFD, à l’occasion de la conférence.
Revoir le replay et les vidéos des lauréats en cliquant ici