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UNOC 2025 : l’AFD au rendez-vous des ambitions de la France pour l’océan
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À l’occasion de la 3e Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC), le groupe AFD a transformé les priorités portées par la France en résultats concrets. Huit axes stratégiques, des annonces majeures, plus de 300 millions d’euros engagés, des coopérations renforcées et une forte mobilisation citoyenne ont marqué sa présence à Nice. Retour sur une semaine décisive pour l’avenir des océans.
Nice, 13 juin 2025. Cinq jours de débats, d’annonces et de mobilisation internationale autour d’un objectif commun : protéger l’océan. À l’occasion de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC), coorganisée par la France et le Costa Rica, le groupe Agence française de développement (AFD) s’est imposé comme un acteur structurant des discussions, aussi bien sur le fond que sur la forme.
Au cœur de la zone verte, son pavillon « Archipel » a vu défiler près de 30 000 personnes en une semaine – élus, élèves, artistes, représentants d’ONG, scientifiques... Au total, 50 événements s’y sont succédés, sur des thématiques extrêmement variées. La culture n’était certainement pas en reste : le fonds Métis y a dévoilé The Ocean Manifesto, un recueil engagé rassemblant une centaine d’œuvres d’artistes du monde entier unis par leur lien à l’océan.
La jeunesse, elle aussi, a pris la parole. Près de 400 lycéens ont été initiés à la négociation environnementale dans une simulation grandeur nature, en partenariat avec l’Académie de Nice. À cette occasion, l’AFD a dévoilé un livret pédagogique inédit, conçu avec le ministère de l’Éducation nationale, pour aider enseignants et élèves à mieux comprendre les menaces qui pèsent sur les océans et à agir en connaissance de cause.
Autre moment fort : la remise du prix spécial « Mers et océan », dans le cadre du concours de podcasts « Réinventer le monde », lors de la Journée de la jeunesse du 12 juin.
Des échanges institutionnels à l’accueil du grand public, cette mobilisation multiforme a permis à l’AFD de faire vivre les grandes priorités françaises pour les océans. Mais quelles sont-elles exactement ? Et comment l’AFD a-t-elle contribué à leur mise en œuvre concrète ? Huit axes majeurs ont été défendus à l’UNOC.
1. Haute mer et biodiversité : un premier pas vers la haute ambition
Méconnues, les zones de haute mer – situées au-delà des juridictions nationales – couvrent pourtant près de la moitié de la planète. Longtemps laissées en marge des efforts de conservation, elles font désormais l’objet d’une attention croissante sur la scène internationale.
Ainsi, l’UNOC a été pour l'AFD l'occasion d'engager un financement d’un million d’euros au bénéfice de l’Office français de la biodiversité (OFB) pour préparer la création d’une des premières « aires marines protégées en haute mer » – entre les îles Crozet (zone économique exclusive – ZEE – française) et Prince Edward et Marion (ZEE sud-africaine). Ce projet contribuera ainsi à la mise en œuvre de l'Accord lié à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (dit « Accord BBNJ ») – un traité international historique adopté en 2023 visant à protéger la biodiversité marine au-delà des ZEE des États.
L’UNOC a d’ailleurs joué un rôle catalyseur dans l’accélération du processus menant à l’entrée en vigueur de l’accord, attendue en septembre prochain lors de l’Assemblée générale de l’ONU, ouvrant la voie à une première COP dès 2026 pour sa mise en œuvre.
2. Aires marines protégées : multiplier les alliances Nord-Sud
Les aires marines protégées (AMP) sont l’un des outils les plus efficaces pour préserver les écosystèmes marins. En limitant les activités humaines dans certaines zones clés, elles permettent à la biodiversité de se régénérer et contribuent à la santé globale des océans. Elles sont aussi indispensables pour atteindre l’objectif international de protéger 30 % de l’océan d’ici 2030, un cap fixé par la communauté internationale lors de la COP15 sur la biodiversité.
L’AFD, qui soutient déjà plus de 200 AMP dans le monde, a consolidé son soutien dans ce domaine avec plusieurs initiatives phares. Un projet de coopération Nord-Sud a ainsi été signé entre la Région Sud et le Costa Rica pour appuyer la gestion des AMP et sensibiliser les populations locales (1,8 M €, financé par l’AFD).
Parallèlement, l’AFD a annoncé une nouvelle contribution de 2,5 M € au Blue Action Fund, un fonds multilatéral public dédié aux AMP dans les pays en développement. Avec cette nouvelle enveloppe, sa contribution totale atteint désormais 12,5 M €, témoignant d’un engagement constant en faveur de la conservation marine.
3. Pêche durable : la résilience avant tout
Souvent pratiquée par des communautés locales, la pêche artisanale est à la fois un pilier économique et une source essentielle de sécurité alimentaire. La rendre plus durable, c’est faire en sorte qu’elle continue à nourrir les populations tout en respectant les équilibres marins. Dans la continuité des efforts en matière de conservation, l’AFD a annoncé renforcer son soutien aux filières halieutiques durables, avec pour objectif d'améliorer les conditions de vie des communautés côtières tout en protégeant les ressources marines.
Signé à Nice, le projet Kounki en Guinée (119 M €, dont 24 M € par l’AFD) permettra de structurer la filière de pêche artisanale et de soutenir les communautés côtières.
Enfin, la CONAPESCA (Comisión Nacional de Acuicultura y Pesca) a annoncé la création d’un réseau de zones de refuge de pêche au Mexique, une initiative soutenue par le prêt de politique publique pour une pêche durable financé par l’AFD.
4. Pollution plastique : passer à l’action, ensemble
Limiter les déchets plastiques en mer, c’est agir sur l’un des fléaux les plus visibles – et durables – de la pollution marine. À l’UNOC, l’AFD et ses partenaires ont franchi un nouveau cap collectif en renouvelant leur ambition commune à travers la deuxième phase de la Clean Ocean Initiative (COI 2.0). Lancée en 2018, la Clean Ocean Initiative – une alliance de banques publiques de développement européennes – a franchi un seuil symbolique cette année, avec 4 milliards d’euros déjà engagés pour lutter contre la pollution des océans.
L’AFD, qui en est le plus grand contributeur, à hauteur de 42 %, a profité de l’UNOC pour annoncer conjointement avec ses partenaires le lancement de la deuxième phase de l’initiative : 3 milliards d’euros supplémentaires mobilisés entre 2026 et 2030, avec l’introduction d’indicateurs de suivi sur les résultats. La coalition s’est aussi agrandie avec l’intégration d’un nouveau partenaire multilatéral, et pas des moindres, la BAsd - Banque asiatique de développement.
5. Transport maritime : des ports en transition
Le commerce mondial repose sur des ports performants. Mais ces infrastructures doivent aujourd’hui se réinventer pour faire face aux défis climatiques. En les accompagnant vers plus de durabilité, l’AFD soutient un transport maritime plus propre et plus résilient.
Ainsi, l’AFD a signé une lettre d’intention avec le Cap-Vert pour accompagner sa stratégie Blue Ports, qui vise à développer des ports durables, plus respectueux de l’environnement et mieux adaptés au changement climatique.
6. Finance bleue : vers une dynamique partagée entre les banques publiques de développement
Les ambitions portées pour l’océan doivent s’appuyer sur une ingénierie financière solide. En marge de l’UNOC, le FICS a renforcé ce socle commun, en appui à la diplomatie bleue portée par la France. Une alliance a été lancée lors du Blue Economy Finance Forum (BEFF). Organisé les 7 et 8 juin 2025 en amont de l'UNOC, le sommet a rassemblé 20 institutions financières publiques – banques multilatérales, bilatérales et nationales. Ces institutions représentent collectivement plus de 7,5 milliards de dollars investis chaque année pour l’économie bleue durable. En s’engageant à renforcer l’impact de leurs opérations, diversifier leurs outils financiers et mieux s’aligner sur les standards internationaux, les membres de la coalition ont affiché leur ambition partagée : faire de la finance un levier structurant pour la protection des océans.
Lancée par l’AFD en 2024, la Facilité Carbone bleu – un dispositif visant à soutenir la protection et la restauration d’écosystèmes côtiers stockant du carbone (tels que les mangroves, les herbiers marins ou les marais salants) afin de lutter contre le changement climatique – a également été mise en avant lors de l’UNOC à travers notamment des projets pilotes lancés au Costa Rica, en Tunisie et en Équateur.
7. Gouvernance territoriale : les territoires côtiers prennent la parole
Littoraux submergés, érosion accélérée, infrastructures fragilisées… les villes et territoires côtiers sont en première ligne face aux effets du changement climatique. C'est pourquoi l’AFD a réaffirmé son engagement en faveur d’une gouvernance partagée des océans. Aux côtés de la ville de Nice, elle a soutenu la création d’une coalition de villes et régions côtières, lancée sous l’impulsion du Président de la République. Présente dans des territoires comme Le Cap, Porto-Novo ou Rio Grande, elle accompagne déjà de nombreuses villes dans leur adaptation au changement climatique.
8. Mieux comprendre pour mieux protéger : la science à l’appui des politiques océaniques
Protéger efficacement l’océan, c’est aussi mieux le connaître. L’AFD a mis à l’honneur la science et la recherche lors de l’UNOC 2025, en valorisant plusieurs projets structurants.
En amont de la conférence, une journée de réflexion intitulée « Perspectives Outre-mer » a été organisée à Paris le 3 juin. Elle a permis de mettre en lumière les enjeux spécifiques aux territoires ultramarins, avec la participation de chercheurs, décideurs et représentants des trois bassins océaniques.
Par ailleurs, deux publications ont été présentées, en partenariat avec Ifremer, BlueESGAP, l’IRD, le CNRS et l’université de Montpellier. L’une propose une nouvelle méthode de comptabilité bleue basée sur l’analyse des écarts de durabilité (Blue ESGAP) appliquée à l’Asie du Sud-Est. L’autre relate une initiative de formation de jeunes chercheurs aux techniques de mesure de la pollution chimique marine.
Autant d’initiatives qui contribuent à ancrer les politiques océaniques dans une expertise scientifique partagée et accessible.