Partager la page
Entre la Vendée et Zahlé, au Liban, une coopération décentralisée exemplaire pour la gestion des biodéchets
Publié le
Au Liban, la municipalité de Zahlé et le syndicat vendéen Trivalis ont lancé un projet de compostage des biodéchets grâce à la Ficol, le dispositif de l’AFD qui permet aux collectivités françaises de financer des projets de coopération internationale. Coordonné sur le terrain par l’Almee, agence libanaise de l’énergie et de l’environnement, ce partenariat illustre ce que la coopération décentralisée peut produire de plus concret : un transfert de compétences techniques, un pilotage local et une réponse ultra-ciblée à des besoins essentiels.
Le 28 avril 2025, la signature d’une convention à Zahlé officialisait la coopération entre cette ville libanaise de la plaine de la Bekaa, au Liban, et Trivalis, syndicat vendéen de traitement des déchets. Ce projet est financé dans le cadre de la Ficol, la facilité de financement des collectivités territoriales françaises, opérée par l’AFD. Dotée d’un budget de 615 000 euros, dont 500 000 de subvention de l’AFD, cette initiative est prévue sur trente mois. L’objectif : poser les bases d’un service structuré de valorisation des biodéchets.
Dans un pays où les institutions publiques sont fragilisées, le dispositif Ficol permet à des collectivités françaises d’agir en lien direct avec leurs homologues étrangères. Et de répondre, à l’échelle locale, à des défis très concrets. À Zahlé, ville de plus de 150 000 habitants, la municipalité reste l’un des rares acteurs à garantir l’accès aux services essentiels – collecte des déchets, eau, électricité. C’est ce socle de gouvernance qui a convaincu Trivalis d’y engager son expertise.
Regarder la vidéo : Ficol : paroles de collectivités françaises
Trivalis, un opérateur public vendéen tourné vers l’international
Trivalis est le syndicat départemental chargé du traitement des déchets en Vendée. Il regroupe 17 intercommunalités, dessert plus de 700 000 habitants et pilote plusieurs sites de tri, de valorisation organique et énergétique. Depuis plus de vingt ans, il fait de l’économie circulaire un levier d’innovation et de performance territoriale. « En Vendée, nous avons investi dans des solutions sobres, robustes, reproductibles. En partageant ce modèle avec un territoire partenaire, on crée une dynamique d’égal à égal, fondée sur la technique et sur la confiance », commente Olivier André, responsable des services techniques de Trivalis.
Ce savoir-faire, Trivalis a choisi de le partager avec Zahlé via un accompagnement structuré : étude technique, définition du modèle de collecte, adaptation des pratiques à l’environnement local. Pour Olivier André, cette ouverture à l’international s’inscrit dans une forme d’engagement public : « Les déchets ne connaissent pas les frontières. La coopération, c’est aussi assumer que nos compétences peuvent être utiles ailleurs, si elles sont bien partagées. »
Pour garantir la bonne mise en œuvre du projet, Trivalis s’appuie sur un acteur local clé : l’Almee, Agence libanaise pour la maîtrise de l’énergie et de l’environnement. Forte d’une longue expérience de coopération, elle coordonne le projet sur le terrain. Elle forme les agents municipaux, accompagne les ajustements techniques et assure la liaison entre partenaires. Dans un contexte libanais en tension, ce rôle de « facilitateur » est crucial. L’Almee permet à la fois de sécuriser la conduite opérationnelle du projet, d’ancrer les actions dans les priorités locales et, surtout, de garantir leur appropriation par les acteurs de terrain.
Lire aussi : Liban : pour un service d’eau plus fiable
À Zahlé, un levier pour une transition locale
Baptisé Zero – Zahlé écologie et recyclage des organiques –, le projet prévoit de mettre en place une collecte séparée de 5 000 tonnes de biodéchets par an, pour produire 6 000 tonnes de compost.
L’enjeu est autant environnemental qu’agricole : en réduisant la part de déchets organiques mis en décharge, Zahlé pourra améliorer la gestion de ses déchets et fournir aux agriculteurs de la Bekaa un fertilisant naturel, à moindre coût. « Ce partenariat avec Zahlé, dans le cadre de la Ficol, est pour nous l’occasion de mettre nos pratiques au service d’un autre territoire. C’est une coopération technique, mais aussi profondément humaine », résume Olivier André.
Ouvriers sur la ligne de traitement des déchets © Wissam Charaf / AFD
Mais, pour le maire de Zahlé, le compostage n’est pas seulement une solution technique. C’est aussi une vision politique. En valorisant les déchets, la ville affirme sa capacité à faire mieux avec peu, à innover malgré les contraintes. « Ici, la terre est précieuse. On la gâche en y enfouissant des déchets. Au lieu de les enterrer, il faut les transformer, comme en Vendée. C’est tout le sens de ce projet, explique-t-il. Trier les déchets, ce n’est pas seulement une question de technique. C’est un état d’esprit. Il faut que les citoyens comprennent que l’écologie passe aussi par le choix de responsables capables de porter ces projets dans la durée. »
La coopération décentralisée, levier de transformation
Au-delà des volumes traités ou des composteurs installés, ce projet financé par l’AFD illustre une conviction : les collectivités, en coopérant, peuvent bâtir des réponses efficaces aux défis du développement. À Zahlé comme en Vendée, cette initiative renforce les services publics, construit des ponts durables et fait avancer la transition écologique, à hauteur de territoire.
« Ce projet entre Trivalis et Zahlé démontre tout l’intérêt des échanges de pair à pair que soutient le dispositif Ficol de l’AFD ; les deux collectivités ont même intégré à leur démarche des activités auprès des scolaires de leurs territoires respectifs, afin de sensibiliser les écoliers vendéens et libanais à la gestion vertueuse des déchets pour protéger l’environnement ! », s’enthousiasme Julie Depuydt, coordinatrice du projet à l’AFD. À l’heure où les défis écologiques s’intensifient, cette alliance entre la Vendée et la Bekaa trace une voie inspirante : celle d’un développement fondé sur le partage, la résilience… et la capacité des territoires à se réinventer ensemble.
À lire aussi
