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La ville du Cap et l'AFD : un partenariat exemplaire pour une résilience côtière durable
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À l’occasion de l’Unoc, le maire adjoint de la ville du Cap, Eddie Andrews, décrypte les avancées concrètes permises par le partenariat historique de sa ville avec l’AFD pour faire face à la montée des océans. L’occasion pour lui de revenir également sur sa participation, le samedi 7 juin 2025, au sommet Ocean Rise and Resilience Coalition, organisé par la ville de Nice et la plateforme Océan & Climat, aux côtés de responsables d'autres grandes villes côtières et de dirigeants d’États insulaires menacés par la montée des mers.
Qu'est-ce qui a motivé la ville du Cap à rejoindre l’Ocean Rise and Resilience Coalition ? Qu'attendez-vous de cette coalition ?
Eddie Andrews : Nous faisons face à une montée du niveau de la mer presque deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Cela expose directement nos infrastructures côtières, qui soutiennent environ 10 % de notre PIB. Nous ne pouvons plus nous permettre de continuer comme avant. Rejoindre cette coalition, c’est à la fois apprendre d'autres villes du monde entier, partager nos propres expériences et solutions, et participer à des discussions techniques enrichissantes. Il est crucial que des villes du Sud global comme la nôtre aient une place à la table. Nous attendons un accompagnement concret : un appui technique, des échanges entre pairs et une meilleure visibilité pour nos actions locales. Le succès se mesurera à notre capacité à faire évoluer nos politiques, à sécuriser des financements adaptés et à montrer que nos initiatives produisent des effets positifs mesurables.
Dans ce contexte, Le Cap a un rôle actif à jouer. Nous voulons partager les leçons tirées de notre propre expérience en matière de gestion des risques côtiers. Il s’agit aussi de représenter la voix des villes africaines confrontées à des défis spécifiques, et d’enrichir les objectifs collectifs de la coalition par nos connaissances du terrain.
Quels projets ou initiatives sont actuellement en place pour s’aligner avec les travaux de la coalition ?
L’un de nos plus grands défis est le changement de culture organisationnelle. Nous devons améliorer la coordination entre les services municipaux et travailler plus étroitement avec les propriétaires fonciers. Il nous faut également faire face à la disparition physique de nos plages qui subissent non seulement l’érosion et la montée des eaux mais sont également impactées par des infrastructures trop rigides.
Pour répondre à ces enjeux croissants, nous avons créé une Direction de la gestion côtière, dotée d’expertises en ingénierie, climat, sciences marines et réglementation. Nous utilisons des cartes à haute résolution des risques, développons des solutions fondées sur la nature – comme la réhabilitation des dunes – et avons révisé notre réglementation côtière. Ces actions s’inscrivent pleinement dans les objectifs de la coalition et peuvent servir de modèle pour d’autres villes.
Comment décririez-vous le partenariat de long terme entre l’AFD et la ville du Cap ? Comment cette collaboration a-t-elle contribué à l’action climatique et à la réduction des inégalités ?
Depuis 2012, notre partenariat avec l’AFD est exemplaire. Grâce à son soutien technique et à des prêts concessionnels, nous avons pu renforcer notre stratégie de l’eau après la crise du « Day Zero », évaluer nos vulnérabilités climatiques et aujourd’hui développer des plans d’adaptation côtière.
Cette collaboration nous a permis d’agir concrètement sur l’adaptation de nos côtes tout en contribuant à réduire les inégalités sociales. L’AFD nous a aussi apporté une expertise technique que nous ne trouvions pas localement. Leurs outils incluent une assistance technique pour les évaluations de vulnérabilité et des financements concessionnels pour des projets d’infrastructure climatique, notamment dans l’eau et le littoral. Cela nous aide à accélérer la mise en œuvre de projets concrets qui renforcent notre résilience au changement climatique.
Comment prévoyez-vous d’impliquer les communautés locales et les parties prenantes dans les efforts de résilience côtière, et quel rôle joueront-elles dans le processus décisionnel ?
Nous avons une société civile très engagée. Nous avons mis en place des forums communautaires, comme celui sur l’érosion côtière, qui réunissent des citoyens, des fonctionnaires, des représentants du gouvernement et des acteurs privés. Ces discussions, toujours libres et souvent engagées, nous permettent d’ajuster nos politiques en fonction des besoins réels et créent un modèle de co-gouvernance.
Quels sont les obstacles actuels rencontrés par la ville pour accéder aux financements climatiques et de quel type de soutien supplémentaire a-t-elle besoin ?
Pour accéder à ces financements, il faut des projets matures présentant un modèle économique solide, ce qui demande du temps et des moyens, qui sont souvent limités. En outre, le partage des responsabilités entre échelons gouvernementaux complique parfois les choses. Nous avons donc besoin d’appuis en subvention ou via des prêts concessionnels pour monter et accélérer des projets à impacts. Nous sommes également en recherche d’appui pour nourrir notre dialogue avec le secteur des assurances et développer des financements mixtes.
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