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Projet IDBio : transformer les déchets biosourcés pour des industries plus durables
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Le projet IDBio, soutenu par le programme Partenariats académiques Afrique-France, s’inscrit dans un contexte où la valorisation des ressources renouvelables et la gestion durable des déchets deviennent cruciales pour l’Afrique. Le Dr Joseph Bassama, coordonnateur du projet IDBio, revient sur les enjeux de la filière, la dimension interuniversitaire du projet et sa valeur ajoutée.
Porté par l’Université Gaston Berger (Sénégal) et l’Insa Toulouse (France), le projet IDBio structure un cursus spécialisé allant de la licence au doctorat et développe une recherche appliquée ambitieuse. Il s’agit par exemple de former à la transformation de résidus agricoles en bioénergie, à la fabrication de biopesticides et de biofertilisants à partir de déchets organiques, ou encore à la conception de biomatériaux. Ces innovations touchent des secteurs clés comme l’énergie, l’alimentation, l’environnement ou encore la construction.
Pourquoi les compétences en valorisation des ressources renouvelables et transformation des déchets sont-elles essentielles pour le Sénégal ?
Ces compétences répondent aux défis que doivent relever les filières agricoles et agroalimentaires sénégalaises, confrontées aux enjeux du développement durable et de la lutte contre les effets du changement climatique, mais aussi à la nécessité de créer des richesses et des emplois. L’objectif du projet IDBio est de former des étudiants capables de concevoir des systèmes alimentaires plus durables, c’est-à-dire écologiquement responsables, économiquement viables, socialement équitables et résilients face aux crises. Cela passe notamment par le développement d’innovations techniques permettant de transformer l’économie locale. Les formations proposées s’alignent d’ailleurs pleinement avec le programme de transformation Vision 2050 du Sénégal.
Au-delà du partenariat entre l’Université Gaston Berger et l’Insa Toulouse, IDBio a dès le départ centré son approche sur une synergie et des échanges étendus à d'autres universités africaines et françaises. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Initialement, IDBio est une chaire Unesco sans financements, portée par un consortium de sept écoles d’ingénieurs et centres de recherche français et six universités d’Afrique de l’Ouest et de Madagascar. Son ambition est de favoriser les échanges Nord-Sud et Sud-Sud à travers le transfert de compétences, la co-construction de thématiques de recherche et le co-encadrement de thèses. Le lancement du projet PeA IDBio a renforcé cette dynamique en apportant un appui financier structurant, et a ouvert la voie à une démarche élargie de formation dès le niveau licence.
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Concrètement, qu’apporte ce consortium aux enseignants-chercheurs ?
Neuf thèses sont financées par le PeA : les sujets sont co-construits par un trio de partenaires (un français et deux africains) et les doctorants effectuent une année chez chacun d’eux. Cette mobilité leur offre une immersion scientifique, culturelle et institutionnelle unique, favorisant une véritable interdisciplinarité et une interculturalité enrichissante. Des sessions de formations théoriques (neuf en Afrique) et pratiques (trois en France) sont également organisées pour renforcer leurs capacités et celles des ingénieurs.
Et comment cette approche va-t-elle se décliner pour la formation licence et master que vous construisez ?
D’abord, IDBio renforce les enseignements déjà en place dans les établissements africains. Il forme les enseignants locaux grâce aux sessions théoriques et pratiques organisées dans le cadre du projet, et met à disposition des étudiants des ressources pédagogiques numériques pour accompagner l’apprentissage. Le projet expérimente également des dispositifs de travaux pratiques à distance, grâce aux plateformes techniques installées à Toulouse, pour favoriser les échanges. Enfin, un master sous-régional va être lancé à l’Université Gaston Berger. Il inclut un troisième semestre de mobilité dans les universités partenaires, accompagné de conventions de co-validation des crédits. L’ensemble vise à structurer une formation de haut niveau, ancrée dans les besoins locaux mais ouverte à une dynamique internationale.
Vous avez évoqué la labellisation chaire Unesco. Quels sont ses atouts pour trouver des appuis au-delà du programme Partenariats académiques Afrique-France ?
Le label chaire Unesco est important, c’est une reconnaissance internationale de l’excellence scientifique du consortium, de la pertinence de sa vision, et de la valeur de son action au service des différents partenaires académiques et acteurs locaux. Ce label agit comme un levier stratégique pour assurer la pérennisation des activités. En parallèle, la création de la fondation Avenir Afrique dans le cadre d’IDBio va faciliter la mobilisation de financements complémentaires pour accompagner les actions que nous menons sur le long terme.